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Parlons tique !

Morsure de tique et borréliose de Lyme, où en est-on en France ?
Confessions intimes

Juillet 2021, au bord d’un lac, une plage ombragée par des pins des landes…Coiffage après baignade… Qu’aperçois-je sur le cuir chevelu de ma petite fille ? Exactement ce que vous voyez sur la photo ci-contre : une tique ENORME ! Bon, déjà je ne pensais pas qu’on pouvait rencontrer une tique à la plage, naïve que j’étais… Ce que j’ai appris depuis c’est que, tant qu’il y a de la végétation lui assurant une bonne litière, c’est possible. Il faut croire que le sable, les épines de pin, l’humus de cette lisière de forêt leur convenaient parfaitement et, cerise sur le gâteau, la tête de mon bébé s’est roulée dedans !

Et là, bien que pharmacienne ET spécialisée dans la prévention des infections, j’ai fait tout ce qu’il ne fallait pas faire… Désinfection avant retrait de la tique (perdu ! c’est après !), retrait de la tique avec le crochet (quand même) mais en tirant (pas bien ! il faut tourner en tirant doucement !), appel catastrophé de notre médecin traitant pour une mise sous antibiotiques immédiate. « Ben oui, vous comprenez docteur, la tique elle est gorgée de sang donc forcément elle a dû régurgiter, je suis sûre qu’elle doit être infestée de Borrelia burgdorferi, c’est tout rouge autour et en plus ma fille est toute petite, elle a même pas 2 ans ! Et bla bla bla, et bla bla bla …» Oui, je peux être très rationnelle quand je veux. 

Heureusement mon médecin résiste à la pression… Il me rassure : après piqûre de tique le risque de borréliose de Lyme est inférieur à 5 %, même en zone de forte endémie et après fixation prolongée de la tique. Donc en l’absence de symptômes, la seule surveillance clinique pendant 3 semaines est suffisante. je suis tout de même aller checkée tout ça sur Antibioclic, elle avait tout bon ! on a pu retourner faire du paddle tranquillement.

Morsure de tique et borréliose de Lyme en France

Confessions faites…Rentrons dans le vif du sujet : Où en est-on en France sur la borréliose de Lyme ? 

Si la borréliose de la Lyme est la maladie vectorielle transmise par les tiques la plus fréquente en France, et bien que les connaissances augmentent sur le sujet, elle reste encore trop méconnue pour une large partie de la population.

Selon le baromètre santé de Santé Publique France publié en début d’année, en 2019, 30 % de la population française déclarait avoir déjà été piquée par une tique au cours de sa vie, 6 % durant les six derniers mois, et 25 % se sentait exposé à ce risque. Des taux en augmentation par rapport à 2016. Concernant la maladie de Lyme, de plus en plus de personnes en ont entendu parler entre 2016 (66 %) et 2019 (79 %).

Toujours selon ce même baromètre les mesures de prévention contre les piqûres de tiques étaient appliquées par davantage de gens en 2019. Dans le détail : parmi les personnes qui ont déclaré se sentir exposées aux piqûres, 74 % ont dit porter des vêtements longs, 53 % s’inspecter le corps, et 17 % utiliser un répulsif. Ces mesures étaient plus appliquées par les personnes âgées de 55 ans et plus, par les femmes et par les personnes vivant en régions de haute incidence.

Si la conduite à tenir est bien décrite dans les recommandations en cas de piqûre de tique, d’érythème migrant et relativement simple, le polymorphisme des autres formes compliquées et tardives  de la maladie de Lyme, des difficultés diagnostiques et de prise en charge en font l’objet de nombreux débats et controverses.

Plan national de lutte contre la maladie de Lyme

En 2016, le ministère des Solidarités et de la Santé a élaboré un plan de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques, en collaboration avec la Fédération Française contre les Maladies Vectorielles à Tiques (FFMVT) des associations de patients, les administrations, les agences de sécurité sanitaire, les agences régionales de santé, et également des professionnels : équipes de recherche, professionnels de santé, vétérinaires, professionnels chargés de l’entretien des bois et des forêts…. 

Son objectif est de répondre concrètement aux inquiétudes exprimées par les citoyens. Le plan défini s’articule sur 5 axes décrits ci-contre.

Actions menées depuis 2016

Des actions concrètes ont d’ors et déjà été menées (point d’étape, juillet 2019) avec entre autres :

  • L’organisation du parcours de soins avec la possibilité de recours en cas de situation complexe à des centres de références des maladies vectorielles liées aux tiques (CRMVT). Ces centres au nombre de 5 ont été nommés en 2019 et sont répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain. En mars dernier, la HAS a publié un guide du parcours de soins pour les patients présentant une suspicion de borréliose de Lyme. Ce guide rappelle les conseils de prévention et clarifie le rôle de chacun selon 3 niveaux de prise en charge, allant du médecin traitant et des médecins de ville, aux centres de compétences des maladies vectorielles à tiques (CCMVT) puis aux centres de référence (CRMVT). Les sociétés savantes ont récemment publié leurs recommandations en 2019 sur la maladie de Lyme.
  • Le développement de l’application CITIQUE (nouvelle version de signalement – TIQUE), programme de recherche participatif sur les tiques et les maladies qu’elles transmettent. L’application permet aux citoyens de signaler t une piqure de tique et également d’envoyer la tique à un laboratoire, permettant ainsi de cartographier le risque de piqure de tique en France.
  • La production de support de prévention en accès libre avec l’élaboration d’un clip vidéo, fruit d’un partenariat entre les associations, Santé publique France et la DGS ou encore le dépliant« Les conseils de prudence, la tactique anti-tique
Morsure de tique - Parcours de soins
Un vaccin en préparation

Enfin une bonne nouvelle également côté vaccin, puisque le laboratoire Pfizer et la Biotech Valneva sont en cours de développement du VLA15. Ce vaccin candidat est pour le moment  en cours d’essai clinique. Il repose sur la technologie de l’ARN messager  et  semble prometteur chez les cobayes, provoquant un détachement précoce et une réduction de la transmission des agents pathogènes responsables de la maladie de Lyme. En 2021, 625 participants âgés de 5 à 65 ans ont été recrutés pour la phase 2 de l’essai. L’objectif serait une commercialisation à partir de 2025.

Sur ces bonnes paroles, je vous souhaite à tous un excellent printemps et un bel été avec de bonnes balades dans la nature, vous serez sans doute désormais beaucoup plus au taquet que je ne l’ai été l’été dernier. Je m’en vais de ce pas inspecter ma petite qui revient d’une journée pique-nique au parc !  

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