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Infirmier(e) hygiéniste : quelle réalité en 2022 ?

La profession d’infirmier(e) hygiéniste recouvre différentes réalités, caractérisées par la diversité des types de structures et les secteurs de soins. Quatre infirmières hygiénistes présentent leur parcours, leurs formations, leur réalité de terrain et leurs sentiments vis-à-vis de leur spécialité.

Zoom à travers 4 profils d’infirmières

La profession d’infirmier(e) hygiéniste recouvre différentes réalités, caractérisées par la diversité des types de structures et les secteurs de soins. Quatre infirmières hygiénistes présentent leur parcours, leurs formations, leur réalité de terrain et leurs sentiments vis-à-vis de leur spécialité.

Leurs carrières d’infirmière sont longues (plus de 20 ans). Pour certaines, comme Véronique, il s’agit d’une vocation. « J’ai toujours voulu être infirmière. Aucun doute pour moi, c’était sûr que j’exercerai ce métier ». Carine est infirmière depuis 25 ans, et s’oriente vers un profil d’IBODE, puis d’hygiéniste, avec l’impulsion de sa direction. Du côté de Mireille, IDE depuis 30 ans en médecine cardio respiratoire, participe aux événements régionaux d’hygiène puis exerce dans une clinique privée MCO. Elle participe à des formations via le CCLIN puis passe son DU d’hygiène.

Nathalie et Véronique se forment grâce à des changements d’orientation et un besoin de polyvalence dans leur quotidien. Ces parcours les entrainent vers la spécialisation en hygiène, qu’elles exercent toutes aujourd’hui. 

Comment devenir hygiéniste : les parcours en question

Carine intègre le CH d’Arcachon en 2003 et participe à l’élaboration d’un projet de santé concernant la stérilisation d’un nouveau pôle. Son  intégration dans l’équipe opérationnelle d’hygiène du CH se fait rapidement. « C’était un poste très éloigné de ce que j’avais pu connaître jusqu’à présent. Là, je me retrouvais à faire quelque chose de beaucoup plus théorique ».

Un changement de règlementation et de la curiosité ont orienté Mireille, exerçant dans une clinique privée. « J’étais un peu dans le domaine de l’hygiène, mais sans formation à proprement parler ». Elle tente l’aventure de l’inconnu et passe sa formation d’hygiéniste, pour participer à l’évolution de la spécialité « Le sujet m’intéressait : une part de gestion du risque, la mise en place de protocoles au niveau de l’hygiène qui n’existaient pas ».

L’idée est venue progressivement à Véronique, qui exerce dans le dispositif mobile d’hygiène de l’hôpital de Pau. Sa sensibilité et ses aptitudes lui offrent une proposition de correspondante en hygiène. « C’est grâce à cette opportunité que je suis allée  passer le DU ». La polyvalence est toujours de mise dans ses choix. « J’ai vu que l’équipe opérationnelle d’hygiène était très active, passionnante, jamais la même chose tous les jours. »

Nathalie s’installe à Bordeaux et participe aux événements régionaux d’hygiène grâce à son poste de correspondante. Elle change de secteur pour de l’hospitalisation à domicile, mais continue sa spécialisation en hygiène. « Quand je suis arrivée au HAD, j’ai décidé d’intégrer l’équipe opérationnelle d’hygiène et de reprendre des fonctions de correspondante ».

Etre hygiéniste au quotidien

Quel quotidien dans le rôle d’hygiéniste ? Pour Mireille, il s’agit de promouvoir l’utilité de l’hygiène à travers un temps de travail divisé (anesthésie/hygiène), et de sensibiliser ses collègues à la gestion du  risque infectieux avec le soutien de sa direction.

Un positionnement différent pour Nathalie : « La particularité du HAD, c’est qu’on est amené à faire des soins à risque infectieux, dans un cadre qui n’est pas habituel ni adapté ». Soit prendre en compte les spécificités de l’environnement pour exercer les devoirs d’hygiéniste chez le patient. Son organisation de travail est variée : la majorité du temps à l’antenne, à distance. « Je suis amené à aller voir les patients dans le cadre de demandes spécifiques d’accompagnement de soignants, pour trouver une solution adaptée à la sécurité des soins dans l’environnement du patient. »

Carine collabore avec une petite équipe. « Mon activité dans petite structure me permet d’avoir une proximité avec les équipes et les cadres de santé ». Un avantage pour traiter les thématiques dédiées aux missions de l’infirmières hygiéniste (respect des précautions standard et complémentaires, suivi des prélèvements environnementaux, être sur le terrain pour accompagner les équipes, informer les soignants sur la prévention du risque infectieux lors des gestes invasifs).

L’envie de changer pour découvrir d’autres secteurs est déterminant dans le cas de Véronique. « J‘avais eu l’occasion de voir tous les champs d’action de l’infirmière hygiéniste, son rôle transversal ». En équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière pendant 13 ans, elle souhaite exporter ses compétences vers la ville. « Il faut vraiment que l’on arrive à sortir de nos murs et aller vers les autres. »  Les particularités de son exercice quotidien : le risque est très présent dans les EHPAD. « C’est en EHPAD où les facteurs de risques sont plus importants de contracter une infection associée aux soins et c’est dans ces secteurs là qu’on a une mission première. »

De l’intérêt d’être hygiéniste

Chacune possède un profil professionnel identique (infirmière hygiéniste) mais un quotidien différent. Quelles sont leurs préférences en termes de missions, l’aspect de leur métier qui leur convient le mieux ?

La diversité des tâches à réaliser, des collaborations, est citée en premier lieu. Pour Véronique, chaque structure est un cas particulier. « Ce qui me plaît, c’est l’adaptabilité devant des EHPAD différents. On ne peut pas faire de copier-coller d’un établissement à l’autre.» Elle s’imprègne de l’organisation, propose des outils pratiques en observant ce qui s’y passe. « Il y a différentes manières de prévenir le risque infectieux. Je n’avais pas ce regard quand j’étais en sanitaire. ». Impossible de se lasser : la diversité des organisations rencontrées la passionne : une source permettant de garder une mobilisation et un intérêt intact pour le métier d’hygiéniste.

Nathalie apprécie la diversité des profils de ses collègues,   une source d’enrichissement professionnel. « Majoritairement les soignants mais aussi le service logistique, gestion du matériel, les professionnels qui gèrent aussi la désinfection entre chaque patients… »

Le positionnement pédagogue, le contact humain et la mission de formation de l’hygiéniste sont des éléments intéressants pour les profils interviewés. Carine prône la patience pour parvenir à de bons résultats. « C’est ce contact relationnel que j’apprécie dans les missions que je réalise. Etre en direct, reconnue dans la structure ». Elle voit sa position comme un levier entre les recommandations écrites et l’application sur le terrain. « On se rend compte qu’on a une différence entre ce qui est écrit dans les référentiels et ce qui est possiblement applicable sur le terrain ».

Nathalie et Véronique la rejoignent dans ce point de vue. La pédagogie, la formation et l’accompagnement des soignants sont indispensables dans leur exercice. « Trouver la bonne organisation, le bon matériel, accompagner au mieux les professionnels dans leur activité »pour Nathalie. Sur le terrain, cela passe par des animations de journées à thème (ex : précautions standards, chambres des erreurs, simulation). Véronique précise « C’est tout ce que je peux organiser pour sortir les soignants de leur quotidien, leur montrer l’hygiène hospitalière de manière ludique ».

L’évolution du métier : points de vue

Ces deux dernières années ont fait évoluer le métier d’hygiéniste. Pour Mireille, la crise COVID-19 a été bénéfique : elle a permis une prise de conscience des bonnes pratiques. « La pandémie nous a fait prendre conscience de la nécessité des précautions standard et complémentaires : il faut en tirer une leçon ». Son métier et ses missions vont évoluer avec le projet d’agrandissement et de délocalisation  de sa structure (développement d’un SSR).

Carine estime que lors de cette crise, la proximité a été très importante avec les professionnels. « Ce qui a aidé les équipes, c’est d’être présent à leurs côtés, les épauler, parfois les rassurer. » Elle définit le rôle de l’infirmière hygiéniste comme un accompagnateur. « Mon rôle n’est pas de contraindre ni sanctionner les équipes mais de les former, les guider, de comprendre leurs difficultés, de leur permettre d’améliorer leur travail au quotidien, tout en conciliant la réalité du terrain à l’instant présent et les recommandations nationales ».

Un autre bénéfice de la crise est souligné par Nathalie : elle a permis d’identifier la plus-value des experts en hygiène pour améliorer la qualité et la sécurité des soins pour tous. « C’est chouette de pouvoir expliquer l’idée qu’on peut apporter à tous ». Elle a l’espoir d’une évolution positive, de reconnaissance de la fonction. « On me demande exactement en quoi ça consiste, infirmier hygiéniste ? J’ai toujours beaucoup de plaisir à l’expliquer, mais je pense que c’est une profession qui est encore méconnue ».

De nouvelles méthodes passent par de nouveaux outils : Véronique souhaite mobiliser les nouvelles technologies, pour faire progresser le niveau de connaissance du risque infectieux dans les EHPAD, en associant le côté pédagogique à l’aspect ludique. « J’aurais aimé créer de la réalité virtuelle pour confronter à différentes situations de soins dans la simulation, s’interroger sur les pratiques ».  Un autre projet plus général : étendre à tous les EHPAD l’expertise d’une EMH « Ça veut dire avoir des collègues avec moi, que je puisse former sur le terrain pour qu’on soit plus nombreux ».

Un encouragement, un conseil

Véronique, Mireille, Nathalie et Carine nous parlent de leur métier d’hygiéniste comme un challenge, qui  leur offre une diversité d’études et d’évolutions de pratiques.  

Le soutien des services administratifs et de certains praticiens est essentiel, notamment dans des établissements privés. Mireille témoigne de cette importance et encourage les initiatives « Si la direction en place apporte un soutien, c’est très important et cela permet de se lancer donc ne pas hésiter ».

Dans le cadre de soins, quelle que soit la structure, l’important est de rendre aux hygiénistes une crédibilité, une valorisation de leur savoir. Selon Véronique, « L’hygiène est partie prenante du soin. Il n’y a pas un seul soin infirmiers sans que soit impliqué des bonnes pratiques en hygiène […] Notre mission est vraiment au cœur du soin. » La diversité des techniques pour éviter les infections est complémentaire à l’application du bon traitement pour guérir l’infection. « C’est une discipline qui mérite de trouver sa place au même titre que les autres disciplines. Il faut qu’on en parle. »

L’hygiéniste doit savoir communiquer et accompagner au quotidien les soignants à travers les soins. Persévérance et motivation sont les maitres-mots pour Nathalie. « Il ne faut pas baisser les bras, faire preuve d’enthousiasme ». Comme moyen imparable : la communication. « Ne pas avoir peur de dire ses difficultés pour être accompagné et soutenu ». Certaines missions peuvent s’avérer plus compliquée que d’autres. « En tant qu’hygiéniste, il faut faire preuve de fermeté sur certaines recommandations ». Il faut savoir jongler entre fermeté et ouverture d’esprit, avoir une forme d’agilité et d’intelligence émotionnelle pour faire passer et respecter les recommandations. Carine soutient que ne pas se décourager est important « on voit que les choses n’évoluent pas aussi vite que l’on voudrait que ça évolue. Mais il faut laisser le temps faire et opérer les changements »

Merci à

  • Carine Grande – IBODE Hygièniste – CH d’Arcachon
  • Véronique Rolland – IDE Hygiéniste EMH – Ch de Pau
  • Mireille Rougier – IADE Hygiéniste – Clinique du Parc – Périgueux
  • Nathalie Noir – Ide Hygiéniste – Service Santé Dax (HAD)
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