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Interview – Hervé Vergnes – Guide : risque infectieux et simulation en santé

MATIS a interviewé Hervé Vergnes du CPias Occitanie, au sujet du guide : risque infectieux et simulation en santé, paru en juin 2021.

Pourriez vous vous présenter ?

Bonjour, je suis Hervé Vergnes cadre de santé hygiéniste au CPias Occitanie, sur le site de Toulouse.

Le guide : risque infectieux et simulation en santé paru en juin 2021 est une collaboration : pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

C’est une réelle collaboration qui associe des compétences diverses :  des hygiénistes, ayant des expériences dans le domaine de la simulation en santé, des professionnels spécialisés en simulation (médicaux et paramédicaux) et des professionnels issus du milieu de la formation, je pense en particulier à un infirmier anesthésiste expert en simulation et docteur en sciences de l’éducation et de la formation. 

J’ai proposé à Mme Marie-Christine Moll, représentante de la  SoFraSim (société francophone de simulation) d’assurer la guidance méthodologique de ce guide. Me Moll avait déjà contribué à des précédents travaux émis par la Haute Autorité de Santé (HAS) notamment avec le Pr Jean-Claude Granry largement investi dans ce domaine de la simulation. Je me suis moi-même formé il y a quelques années à la simulation en santé et j’ai développé de nouvelles connaissances sur cette thématique dans le cadre d’un mémoire de fin d’études en 2016, à l’occasion d’un Master 2 sur les sciences de l’éducation.

Quel est l’objectif du guide, sa raison d’être ?

Tout d’abord, il s’inscrit dans un contexte spécifique :

  • Le rapprochement réussi de la prévention du risque infectieux et de la simulation en santé, en particulier sur le plan national via la SF2H (Société française d’hygiène hospitalière) et la SoFraSim.
  • Une utilisation accrue de la simulation en santé, en tant que méthode pédagogique novatrice et efficace dans l’apprentissage des messages de prévention.
  • Enfin, l’élaboration de référentiels HAS prenant en compte certains éléments relatifs au risque infectieux.

Néanmoins, force est de constater que le risque infectieux est peu intégré dans les dispositifs de formation, en tout cas insuffisamment. Le guide fait état d’une enquête exploratoire soulignant qu’un geste simulé ne prend pas toujours en compte la prévention du risque infectieux. L’objectif est d’inciter à considérer systématiquement le risque infectieux dans la simulation en santé, dès la rédaction des scénarios et en particulier au moment du débriefing.

Quels sont les points les plus importants de ce guide ?

C’est un guide novateur alliant simulation et risque infectieux. Nous avons donc fait le choix de détailler le contenu des différents chapitres. Ainsi plusieurs portes d’entrée sont possibles selon ce que l’on vient y chercher et selon son activité professionnelle :

–  Les éléments contextuels et le rapport entre la simulation et la formation initiale et continue.

– Chaque modalité de simulation décrite, inscrivant à chaque fois la place de la prévention du risque infectieux. Pour les experts en simulation, ils peuvent d’emblée aller sur une modalité qui les intéresse.

  • La simulation procédurale, utilisée en particulier dans les instituts de formation aux métiers de la santé. Il s’agit ici de permettre aux participants l’acquisition d’un geste technique et de comparer leurs prestations, par rapport au geste qui est attendu. Dans le guide on propose les méthodes appropriées pour aborder tous les éléments du geste, en particulier ceux qui relèvent du risque infectieux.

  • La simulation pleine échelle, décrivant une situation de soin plus élargie (exemple : scénarios d’urgence et visant plusieurs objectifs.). L’objectif est d’intégrer la prévention du risque infectieux dans les scénarios pour la débriefer ensuite. Le cas échéant, si l’on constate lors de la session de simulation qu’il y a des écarts importants en lien avec le risque infectieux, l’objectif est de le verbaliser au moment du débriefing auprès des apprenants et participants à la simulation.

  • Point particulier : la simulation in situ. Réalisée dans l’environnement habituel de travail de l’apprenant. Plus aisé pour repérer et intégrer les éléments relatifs au risque infectieux

  • Enfin, le champ de la réalité virtuelle est décrit, montrant les évolutions technologiques d’aujourd’hui pour prendre en compte le risque infectieux. On peut aller directement sur ce chapitre pour noter les éléments relatifs à l’entretien du matériel partagé, à la gestion des lunettes et casques virtuels, etc.
  • Un chapitre important (p 45) reprend les principes et éléments que nous conseillons de mettre en œuvre pour une politique de prévention du risque infectieux en simulation. Sont abordés la place de l’expert ou du référent en prévention du risque infectieux dans les organismes de formation ou les centres de simulation ainsi que les éléments incontournables repris dans le cadre de la Covid-19 : les gestes barrières, équipements de protection, les précautions standard.

Pourquoi ce guide devrait-il être utilisé et par qui (à qui est-il destiné) ?

Ce guide peut être utilisé par différents professionnels : par exemple, les responsables de centres de simulation, les responsables pédagogiques, les formateurs des instituts de formation aux métiers de la santé qui « montent » des programmes de simulation pour leurs étudiants.

Ce sont vraiment les publics cibles. Le guide les incite à réfléchir en amont et pouvoir intégrer le risque infectieux. Autre cible, les professionnels de l’hygiène déjà investi dans les programmes de simulation ou qui en ont le projet.  Les hygiénistes ont été sollicités à l’occasion de l’enquête exploratoire et sont aussi en demande de pouvoir participer à la mise en place de sessions de simulation.  

Je profite de cet entretien pour remercier l’ensemble du groupe de travail dont les membres ont fait preuve d’investissement et professionnalisme. Ce guide est un opus national, qui nous l’espérons saura trouver son public et surtout aider à produire des actions de simulation en santé intégrant la prévention du risque infectieux

Quelques conseils d’utilisations à donner ?

Comme tous les référentiels, ça doit être un document de référence, notamment pour la conception des scénarios. Il doit être référencé par les responsables pédagogiques dans les centres de simulation, et globalement par tous ceux qui se lancent dans des programmes de formation par simulation.  

Pour moi, un des premiers impacts positifs est d’associer un hygiéniste à la prochaine révision des 2 documents de la HAS (Guide des bonnes pratiques en simulation 2012, et Evaluation des structures 2015). J’y vois ainsi une volonté forte d’impulser la prévention du risque infectieux dans tout programme de simulation, et c’est aussi une reconnaissance pour le métier.  

Merci à Hervé Vergnes.

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