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Interview – Zoom sur le guide éco-nettoyage par Dr Claude Bernet

MATIS a interviewé le Dr Claude Bernet du CPias ARA, concernant le guide éco-nettoyage et son utilisation au quotidien, en situation professionnelle. Découvrez son contenu !

Je suis Claude Bernet, médecin hygiéniste, j’exerce au sein du CPias ARA depuis plus de 10 ans, où j’apporte mon appui auprès des structures des 3 secteurs de soins : sanitaire, médico-social et cabinets de ville, dans le cadre de formations ou de gestion des événements indésirables liés aux soins.

J’œuvre par ce biais à la promotion des bonnes pratiques.
Nous proposons des outils d’aide pour une meilleure maîtrise du risque infectieux, aux professionnels prenant en charge au sens large des patients, ou des résidents.

Grâce au partenariat avec notre ARS, le guide éco-nettoyage pour les secteurs de soins a vu le jour, et il est téléchargeable à partir du site de l’ARS. Une version papier a été adressée aux établissements de santé au cours du mois d’août en région Auvergne-Rhône-Alpes.

On peut citer la participation du CPias PACA. Il a été fait également le choix d’un partenaire, très expert dans le domaine, avec la collaboration du Centre technique industriel de la teinture et du nettoyage – Institut de recherche sur l’entretien et le nettoyage (CTTN-IREN).

Dans quelle mesure la fonction d’entretien des locaux est utile à la prévention des infections ?

L’entretien des locaux est une condition préalable à la qualité des soins. L’objectif est d’assurer et de maintenir un environnement sûr et compatible avec les soins, pour prévenir les infections associées aux soins.

Cette fonction repose sur des personnes qui doivent bénéficier d’une formation professionnelle qualifiante (ce n’est pas comme chez soi !). C’est pourquoi nous avons commencé par un chapitre Stop aux idées reçues sur le nettoyage.

Cette fonction a toute sa place dans la prévention de maladies épidémiques transmissibles. Si des réservoirs sont présents, on les retrouve dans l’environnement : que ce soit sur les surfaces jusqu’aux sanitaires.

C’est un domaine qui touche l’ensemble des exécutants. Les encadrants savent que les responsables des structures en feront (ou non) une priorité : c’est eux qui accompagneront budgétairement.

Dans le cadre du bionettoyage, quel est l’objectif du guide paru ?

L’utilisation en routine des “armes antimicrobiennes” n’est pas sans inconvénients, tant pour les professionnels qui sont exposés à des produits irritants, toxiques ou allergisants (pour les voies respiratoires ou la peau) que pour les patients qui sont aussi vulnérables aux effets toxiques.

Ces produits contiennent des substances interférentes avec le métabolisme des hormones, ayant un impact sur le développement normal des fonctions, avec des sujets sensibles, par exemple, comme les nouveau-nés. On appelle cela « perturbateurs endocriniens ».

L’impact environnemental des rejets de ces produits désinfectants vient s’ajouter aux produits éliminés tels que les antibiotiques, antiseptiques, pesticides, insecticides… qui vont avoir des conséquences sur la flore et la faune naturelles (le cycle de l’eau est une boucle fermée).

Ces produits vont entraîner des réactions de défense chez les bactéries, qui les rencontrent à l’état très dilué dans le milieu naturel, et qui apprennent à s’en défendre, avec des mécanismes identiques que l’on peut rencontrer au niveau de l’antibiorésistance. Ce phénomène est une réelle menace de santé publique. On se trouve à l’équilibre des risques induits par le risque infectieux épidémique et les effets toxiques et environnementaux de ces produits chimiques.

Quels sont les points importants à retenir de ce guide ?

On a tenu à faire des rappels fondamentaux sur les bactéries et autres micro-organismes qui sont doués d’une capacité d’adaptation à toute épreuve. Un chapitre entier est consacré à ce thème. Des mécanismes en cours depuis des millénaires et qui n’ont aucun motif de s’arrêter, ont acquis par adaptation des gènes de résistance d’une très grande diversité. Ils vont leur permettre, dans des conditions qui leur sont favorables, de résister aux désinfectants. Ne leur donnons pas cette opportunité !

Egalement un autre chapitre important : quelle évaluation faire ? Toute prestation nécessite une évaluation de la qualité de l’entretien, qui confirme le choix de la méthode ou permet de réajuster ces pratiques.

Pas de prélèvement bactériologique, mais des méthodes valides, reproductibles, par frottis sur les surfaces.

Il faut donc être bien formé et accompagné pour la pratique des différentes méthodes.

Enfin, ce guide a une petite parenthèse : un chapitre hors éco nettoyage. On évoque la contamination et désinfection des siphons et de la désinfection no touch. C’est éloigné de notre objectif et sujet initial, mais on a quand même voulu faire un point sur les connaissances actuelles, et bien préciser quelles étaient les limites de ces types de désinfection.

A qui est-il destiné en particulier ?

Ce guide est adressé à un large public : les exécutants en premier plan, mais aussi les services techniques, voire les hygiénistes qui sont rattachés à une équipe opérationnelle d’hygiène ou équipe mobile d’hygiène. Sans oublier les responsables et les financeurs.

Avez-vous des recommandations supplémentaires pour l’appréhension de ce guide ?

Contrairement à tous supports écrits classiques, je recommande fortement de faire l’approche du guide en plusieurs temps. Il n’y a pas besoin de suivre l’ordre du sommaire, sachant que les 3 premiers chapitres sont des rappels théoriques.

La deuxième partie est une approche plus pratique avec le chapitre consacré au nettoyage ses annexes, où on a fait le choix du rappel : quels bons produits en fonction du local? Du niveau de risque?

Également le choix du matériel en fonction de la méthode mécanique à privilégier, du type de local, le rythme d’entretien… Il y a aussi un point sur l’utilisation du vinaigre d’alcool et une annexe relative aux labels.

Donc, il y a une approche théorique informative et pratique. On souhaite que ce soit utile à tout professionnel pour améliorer les techniques et surtout le juste usage des produits de nettoyage. Un changement qui permettra de gagner sur deux tableaux en alliant écologie et économie.

 

Merci au Dr Claude Bernet.

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