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Interview M. BEJAOUI – Outils de l’indicateur de suivi de la vaccination antigrippale du personnel hospitalier

Meriem BEJAOUI, chef de projet scientifique à la HAS, revient sur le nouvel indicateur de suivi de la vaccination antigrippale du personnel hospitalier et ses enjeux.
Pourriez vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis Meriem BEJAOUI, pharmacienne des hôpitaux. J’ai fait mon internat à Paris. Pendant mon internat je me suis intéressée à la question des infections associées aux soins, c’est pour cela que je me suis par la suite spécialisée dans le domaine de l’hygiène, en ayant notamment réalisé des stages dans les services d’hygiène. J’ai ensuite terminé mon internat en administration centrale au Ministère de la Santé, où j’ai pu travailler sur le PROPIAS. Juste après mon internat, je suis entrée à la HAS sur mon poste actuel (depuis 2017).

Pourriez-vous parler de l’objectif de la HAS concernant le test de ce nouvel indicateur ?

C’est un projet qui a démarré en 2018. Initialement, les projets d’indicateurs concernant les IAS étaient pilotés par la DGOS. En 2016 la HAS a récupéré ces indicateurs. Petit à petit nous avons réalisé qu’il y avait des choses à revoir. On a donc initié une refonte de ces indicateurs en 2018. A cette occasion, on a mis en place un groupe de travail d’experts du terrain (pharmaciens, médecins, infirmiers hygiénistes, biologistes, anesthésistes-réanimateurs, infectiologues, représentants de patients…).

Ce groupe a tout de suite été force de propositions, et c’est eux qui nous ont proposé de faire un indicateur. Nous avons été très intéressés. Les représentants de patients ont d’autant plus appuyé la demande. Nous savions qu’il y avait des choses à faire sur le sujet d’un point de vue épidémiologique : grâce aux données de Santé Publique France, on sait que la couverture vaccinale du personnel hospitalier est encore trop faible (en 2019 : 35% de vaccinés).

On sait que la vaccination est une mesure de prévention primordiale dans la lutte contre les grippes nosocomiales. On s’est donc fait la remarque qu’il y avait très certainement des données à fournir aux établissements de santé pour les aider à s’améliorer.

Nous pensions qu’un indicateur annuel, qui permettrait d’avoir des données par établissement leur permettrait de se comparer aux établissements, et à eux-mêmes d’une année sur l’autre. C’est donc des données qui peuvent être très utiles. L’objectif est donc d’obtenir ce type de données, pour permettre une amélioration de la couverture vaccinale dans les hôpitaux.

La crise Covid-19 a-t-elle impacté le calendrier de cette expérimentation ?

Il s’agit du seul indicateur qui n’a pas réellement été impacté jusqu’ici : le calendrier de recueil de cet indicateur est décalé par rapport aux autres. Il est calé sur la campagne de vaccination antigrippale. On peut continuer le projet relativement normalement : nous avons quand même dû faire des groupes de travail à distance. Nous avons continué à travailler dessus : il y avait eu un premier test de cet indicateur en 2019, sur un petit échantillon d’établissements (environ 130).

En 2020, nous avons fait un travail de réajustement de l’outil à la lumière des résultats obtenus suite à cette expérimentation. Notre groupe de travail s’est réuni pour rajouter certaines expertises manquantes (médecins du travail, directeurs d’établissements, épidémiologistes…). Nous avons donc eu quelque chose de plus complet sur le groupe de travail, car on s’est rendu compte que nous n’arrivions pas à répondre à toutes les questions avec l’expertise seule que nous avions autour de la table.

Ça a été l’occasion de mutualiser notre expertise avec Santé Publique France, qui récolte habituellement les données de vaccination. Cela nous a permis d’avoir un maximum de données récoltées pour une meilleure cohérence nationale. Finalement, notre calendrier n’a pas vraiment été impacté, seules certaines modalités de réunion ont été modifiées.

Quelle est l’importance du maintien d’un tel projet dans le contexte de l’épidémie Covid-19 ?

Nous avons prévu de recueillir cet indicateur à la fin de la campagne de vaccination 2020-2021 (mars). Nous ne savons donc pas à ce jour, si l’épidémie Covid-19 aura un impact sur le projet.

Dans tous les cas, le maintien de ce projet est important pour la HAS : via le comité technique de vaccination, la HAS a rappelé l’importance de se faire vacciner contre la grippe, en particulier en cette période d’épidémie Covid-19. Il y a eu une saisine de la DGS en février 2020, demandant à la HAS des solutions pour la campagne de vaccination antigrippale cette année. La HAS souligne donc l’importance de se faire vacciner, pour les personnes prioritaires, mais aussi le personnel qui serait s’occuperait de ces personnes fragiles (personnels des hôpitaux…). Il est donc primordial que ce projet puisse continuer, et que les établissements puissent participer à sa réalisation.

Précisément, qui serait concerné par cet indicateur ?

Tout le monde : tous les établissements de santé, à partir du moment où du personnel y est intégré. Tous les types de secteurs : MCO, SSR, HAD, soins en longue durée… Au sein même de ces hôpitaux, tout le personnel est concerné.

Ce que l’on récupère comme données, c’est à partir de la statistique annuelle des établissements de santé. Donc, ces derniers recueillent tous les ans ces bordereaux de SAE, et intègre dedans les données de personnels en contrat avec eux. Cette donnée sera récupérée pour calculer le dénominateur.

Dans l’indicateur, nous avons en plus de cette donnée globale, sorti du numérateur certaines catégories de professionnels de santé, dont on sait qu’ils sont les plus en contact avec les patients (médecins, infirmiers, aide soignants…). Ces catégories sont sorties du résultat global, pour permettre aux ES de mettre en perspective le résultat pour dégager certaines pistes d’amélioration.

Quels sont les outils mis à disposition des publics concernés pour participer à ce test (documents disponibles, plateforme…)

Nous avons envoyé via QualHAS à toutes les EOH, et toutes les directions d’ES un lien sur notre page internet dédiée, sur laquelle vous pouvez trouver les outils pour cet indicateur. Il y a notamment un cahier des charges, qui explique le contexte du développement de cet indicateur et ses principales caractéristiques. Egalement, la grille de recueil avec les consignes de remplissage. Dans cette grille, il y a une partie « questionnaire établissements », où l’on va poser des questions aux ES, sur la politique vaccinale autour de la grippe. Il y a enfin le questionnaire sur les données de vaccination.

Il y a une petite particularité de cet indicateur par rapport aux autres : on propose un outil de traçabilité aux ES, car on s’est rendu compte durant le 1er test de cet indicateur que les établissements avaient beaucoup de mal à récupérer les données de vaccination pour les personnels qui étaient vaccinés à l’extérieur de l’établissement de santé.

Il y a donc ce petit questionnaire à envoyer à ces personnels (à diffuser de la manière que l’on souhaite : mail, imprimé etc…) à renvoyer à la médecine du travail ou à l’équipe opérationnelle d’hygiène. C’est un outil qui est facultatif : les ES l’utilisent pour les aider à récolter ces données.

Ces trois types d’outils, vous pouvez les retrouver sur le site internet. La campagne n’est pour l’instant pas ouverte. Elle le sera après la campagne de vaccination, disponible sur la plateforme habituelle des indicateurs QualHAS.

Merci à Meriem BEJAOUI pour cette interview.
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